Charles Baudelaire

Les cloîtres anciens sur leurs grandes murailles

Dont l’effet réchauffant les pieuses entrailles,Tempérait la froideur de leur austérité.En ces temps où du Christ florissaient les semailles,Plus d’un illustre moine, aujourd’hui peu cité,Prenant pour atelier le champ des funérailles,Glorifiait la Mort avec simplicité.— Mon âme est un tombeau que, mauvais cénobite,Depuis l’éternité je parcours et j’habite;Rien n’embellit les murs de ce cloître odieux.Ô…

Rubens, fleuve d’oubli, jardin de la paresse,

Mais où la vie afflue et s’agite sans cesse,Comme l’air dans le ciel et la mer dans la mer;Léonard de Vinci, miroir profond et sombre,Où des anges charmants, avec un doux sourisTout chargé de mystère, apparaissent à l’ombreDes glaciers et des pins qui ferment leur pays;Rembrandt, triste hôpital tout rempli de murmures,Et d’un grand crucifix…

De ce ciel bizarre et livide,

Quels pensers dans ton âme videDescendent? réponds, libertin.— Insatiablement avideDe l’obscur et de l’incertain,Je ne geindrai pas comme OvideChassé du paradis latin.Cieux déchirés comme des grèvesEn vous se mire mon orgueil;Vos vastes nuages en deuilSont les corbillards de mes rêves,Et vos lueurs sont le refletDe l’Enfer où mon coeur se plaît.Reflected HorrorFrom that sky, bizarre…

Pascal had his Void that went with him day and night.

the Word! And I feel Panic’s storm-wind streamthrough my hair, and make it stand upright.Above, below, around, the desert, the deep,the silence, the fearful compelling spaces…With his knowing hand, in my dark, God tracesa multi-formed nightmare without release.I fear sleep as one fears a deep hole,full of vague terror. Where to, who knows?I see only…

L’Héautontimorouménos

Et sans haine, comme un boucher,Comme Moïse le rocherEt je ferai de ta paupière,Pour abreuver mon SaharahJaillir les eaux de la souffrance.Mon désir gonflé d’espéranceSur tes pleurs salés nageraComme un vaisseau qui prend le large,Et dans mon coeur qu’ils soûlerontTes chers sanglots retentirontComme un tambour qui bat la charge!Ne suis-je pas un faux accordDans la…

Morne esprit, autrefois amoureux de la lutte,

Ne veut plus t’enfourcher! Couche-toi sans pudeur,Vieux cheval dont le pied à chaque obstacle bute.Résigne-toi, mon coeur; dors ton sommeil de brute.Esprit vaincu, fourbu! Pour toi, vieux maraudeur,L’amour n’a plus de gout, non plus que la dispute;Adieu donc, chants du cuivre et soupirs de la flûte!Plaisirs, ne tentez plus un coeur sombre et boudeur!Le Printemps…