Jacques Prevert

C’est la guerre c’est l’été

Et la ville isolée désoléeSourit sourit encoreSourit sourit quand mêmeDe son doux regard d’étéSourit doucement à ceux qui s’aimentC’est la guerre c’est l’étéUn homme avec une femmeMarchent dans un musée désertCe musée c’est le LouvreCette ville c’est ParisEt la fraicheur du mondeEst là tout endormieUn gardien se réveille en entendant les pasAppuie sur un bouton…

Peindre d’abord une cage

peindre ensuitequelque chose de joliquelque chose de simplequelque chose de beauquelque chose d’utilepour l’oiseauplacer ensuite la toile contre un arbredans un jardindans un boisou dans une forêtse cacher derrière l’arbresans rien diresans bouger …Parfois l’oiseau arrive vitemais il peut aussi bien mettre de longues annéesavant de se déciderNe pas se découragerattendreattendre s’il le faut pendant…

Il y a de grandes flaques de sang sur le monde

Est-ce la terre qui le boit et qui se saouledrôle de saoulographie alorssi sage… si monotone…Non la terre ne se saoule pasla terre ne tourne pas de traverselle pousse régulièrement sa petite voiture ses quatre saisonsla pluie… la neige…le grêle… le beau temps…jamais elle n’est ivrec’est à peine si elle se permet de temps en…

Démons et merveilles

Au loin déjà la mer s’est retiréeDémons et merveillesVents et maréesEt toiComme une algue doucement carressée par le ventDans les sables du lit tu remues en rêvantDémons et merveillesVents et maréesAu loin déjà la mer s’est retiréeMais dans tes yeux entrouvertsDeux petites vagues sont restéesDémons et merveillesVents et maréesDeux petites vagues pour me noyer.